C'est difficile de se remémorer ces moments-là; même un an aprés.
Cela faisait quelques temps que ma fille buvait plus que d'habitude, qu'elle était irritable; que son appétit avait augmenter. Elle n'était pas plus fatiguée: elle venait de réussir ses évaluations en finissant 1ère de sa classe, comme d'habitude.
Ma mère avait fait des recherches sur le net et m'avait dit: "ce n'est pas normal qu'elle boive autant; et puis, elle a maigri!; tu sais, c'est les symptômes du diabète". Je n'y croyais pas ( ma mère me dit souvent " tu devrais manger tel aliment, c'est bon pour....; tu devrais prendre des vitamines.....) donc je n'ai pas prêté attention à ses paroles.
Le lendemain de Noël 2007, ma fille reste dormir chez mes parents et boit 2l d'eau dans la nuit. Ma mère m'appelle et me demande l'autorisation de l'amener chez le médecin; chose que j'accepte. Il la trouve fatiguée, déshydratée et fait faire une prise de sang.
Le lendemain, le labo appelle le Dr (qui n'est pas le mien) qui appelle ma mère en lui disant de se rendre au cabinet le plus tôt possible. Il lui annonce les résultats: gly à jeun: > à 3.5g et hb >à 13.
Ma mère me ramène ma fille en pleurs et mon mari l'amène aux Urgences à 75kms de la maison. Elle est prise en charge immédiatement: perfusion; 1er dextro et 1ère injection d'insuline pendant que je reste à la maison avec mes 2 autres enfants.
En fait, les Urgences, c'est mon mari qui s'en charge: nous y avons été 2 fois le mois précédent en urgence pour mon fils asthmatique. Il commence à être connu!!!!
Le lendemain, je rejoins ma fille et mon mari. Quand ma fille me voit, elle fond en larmes et je pleure avec elle, c'est la 1ere et la dernière fois qu'elle m'a vu pleurer à cause du diabète. Elle me demande si ça va être comme ça toute sa vie; si elle va pouvoir avoir des enfants plus tard, si je ne risque pas d'attraper le diabète en restant à ses côtés.
1ère question au diabétologue: si je l'avais amené plus tôt, cela aurait-il changé quelque chose?
IL me rassure en me disant que non, qu'une fois la maladie déclarait, c'était trop tard.....
Cela faisait plus d'un mois qu'elle buvait beaucoup, donc plus d'un mois qu'elle devait être en hyper donc en danger. Je me suis voilée la face en me disant que ma mère avait tord et pourtant...... Je me sentais coupable de ne pas avoir réagi plus tôt et de ne pas voir que ma propre fille était malade. Elle avait même perdu 3 kilos et c'est là, sur son lit d'hopital que j'ai vu qu'elle n'avait pas bonne mine.
Pas le choix du traitement ( 2 injections par jour avec à chaque fois un mélange de NPH et d'humalog); d'ailleurs, je ne savais pas qu'il existait d'autres possibilités de traitement, et encore moins l'existence de la pompe.
Elle a été hospitalisée 2 semaines avec une autorisation de sortie le 2e week-end et retour à l'hopital le jour suivant pour faire le bilan de cette 1ère nuit puis retour à la maison.
Elle a tout bien géré: les dextros, les piqûres que nous lui faisons, les restrictions alimentaires liées au schèma à 2 injections. Elle n'a pas ralé quand elle mangeait à 16H ses yaourts sans sucre alors que son frère et sa soeur goutait comme des enfants "normaux".
C'était dur de devoir la privé de ce qu'elle aimait; de la faire manger à heure fixe et de ne plus la laisser faire la grasse matinée.
Le temps a passé et c'est devenu difficile: elle voulait dormi plus et manger un vrai gouter. De plus, ses taux a 16H étaient trés hauts, signe de la fin de la lune de miel.
Nous nous sommes mis d'accord: le diabéto, moi-même mais surtout ma fille pour passer sous basal/bolus malgré ses hb correctes (6.9 et 6.5 pour les 2 dernières). Nous attendons de ce traitement une meilleure qualité de vie pour elle et son hb que nous allons faire cette après-midi nous dira si nous avons eu raison.
Ma fille a développé des terreurs nocturnes avec peur de s'endormir et son somnanbulisme s'est accentué. Nous gérons tout par nous-même et j'ai hésité un long moment afin de savoir s'il fallait consulter un psy ou pas. Mais ses angoisses se sont calmées et pour le moment, ça va.
Le plus difficile pour moi reste le fait qu'elle refuse de se faire ses injections depuis le début. L'année prochaine, elle rentre au collège et nous ne pourrons peut-être pas la récupérer tous les midi ( chose que nous faisons pour le moment car l'école est située juste à côté de notre maison. Elle n'est pas très chaude pour la pompe, donc nous verrons bien!
Il n'est pas question non plus que je l'envoie en colonie AJD à cause de ses terreurs nocturnes.
Voilà pour mon récit, un peu long aussi.....