Alors, comme pour vous toutes (tous ?), c'est toujours difficile de repenser au début, au cataclysme de l'annonce de cette maladie qui va nous accompagner toute notre vie...
Pour Michel, tout a commencé à Pâques 2007. Nous étions à un diner de famille le lundi de Pâques et ma belle-mère me fait remarquer que Michel boit beaucoup. Oui, mais il fait chaud. Je ne m'inquiète pas.
La nuit suivante, il fait pipi au lit, à 7 ans ! Son papa et moi lui disons de ne plus boire avant d'aller dormir pour éviter les accidents. Nous pensons qu'il est peut-être anxieux (nous avions lancé une procédure d'adoption par mon mari de Michel car il n'est pas son père biologique). Nuit suivante, re pipi au lit. On s'énerve un peu contre lui (vous imaginez comme on a culpabilisé par la suite).
Le mercredi après Pâques, Michel reste assis toute la journée, du canapé à la chaise, de la chaise à son lit. Bref, cela ne lui ressemble pas, lui si bougeon.
Je me dis que je vais l'emmener chez le médecin le lendemain. Le jeudi matin, j'appelle le 15 pour savoir quel médecin travaille sur mon secteur, notre médecin de famille étant en congé. Là, le médecin régulateur me pose des questions et, à mes réponses, me dit de descendre tout de suite aux urgences. Je prends Michel, et des sacs pour faire les courses car il n'y en aura sans doute pas pour longtemps.
Mais, aux urgences, le médecin lui fait une bandelette urinaire qui change de couleur puis contrôle sa glycémie : HI !
Sans trop m'expliquer, on appelle devant moi la pédiatrie pour réserver une chambre. Je tente une question : "vous allez le garder ?" Oui Madame, il est diabétique, il va rester une quinzaine de jours ici.
Là, tout s'écroule autour de moi, je pleure, je regarde mon "bébé" de 7 ans, je ne comprends pas tout ce que ça va signifier. Je me sens si seule (mon mari est à la maison avec notre puce de 3 ans).
Ensuite, nous saurons que Michel avait 8 g de sucre dans le sang, qu'il était proche du coma. Ah, si nous avions su plus tôt, si nous ne lui avions pas donné de chocolat pour Pâques, tous ces reproches qu'on se fait en se disant que cela aurait peut-être pu être différent... Jusqu'au moment où on admet finalement que rien n'aurait pu éviter ça. On aurait peut-être pu retarder le déclenchement, mais c'est tout.
Ensuite, il y a tous les gens autour qui continuent à vivre normalement, à manger ce qu'ils veulent, qui nous agacent... J'en voulais à la terre entière. Pourquoi lui ? Lui avec ses grands yeux bleus suppliants quand les autres, copains ou cousins, mangeaient gâteaux ou bonbons. Et moi, avec cette souffrance au creux du ventre de ne pas pouvoir prendre cette maladie avec moi, et le laisser vivre une vie normale de petit gars...
Je passe aussi sur la culpabilité de lui avoir "donné" cette maladie en le mettant au monde. Mes gènes ? Le fait de ne pas l'avoir allaité ? D'avoir trop nettoyé ma maison ? De l'avoir vacciné ?
Voilà. Rien de nouveau par rapport à votre expérience. Ca fait du bien de l'écrire, même si c'est long. Mais ça met les larmes aux yeux malgré tout.
Bises.